Le premier ministre russe Dimitri Medvedev a effectué un voyage en Bulgarie début mars.
La visite du premier ministre avait pour but d’explorer la possibilité d’extension du gazoduc Turkstream à ce pays des Balkans et à partir de là vers la Serbie et les pays d’Europe centrale, ce qui dépend de l’obtention par Sofia de garanties juridiques fermes de la part de Bruxelles de manière à éviter une répétition du fiasco du gazoduc Southstream (qui a donné vie au projet actuel). Ce voyage a coïncidé avec les célébrations du Jour de la Libération par lequel la Bulgarie se remémore son combat pour la liberté contre l’Empire ottoman, aidée par la Russie, ce qui en faisait une occasion très sombre et un moment idéal pour la visite de tout dirigeant russe. les liens entre les deux pays slaves ont traditionnellement été forts, bien qu’ils aient chacun eus leurs part de problèmes, notamment durant la seconde guerre mondiale où ils se sont trouvés dans des camps opposés.
La complexité des relations russo-bulgares explique qu’il soit plus facile à dire qu’à faire de proposer une extension du Turkstream vers la Bulgarie, compte tenu en particulier du contexte récent dans lequel cet état balkanique est devenu un protectorat conjoint des États-Unis et de l’UE et n’est pratiquement plus qu’un de leurs vassaux. Cela dit, cela témoigne du désir sincère des autorités bulgares de défendre les intérêts de leur pays en essayant même d’aller de l’avant avec cette option. Il est évident que l’UE a besoin d’énergie et, même si elle préférerait se diversifier davantage de son fournisseur russe pour des raisons politiques ou tout au moins conserver le transit par pipeline via l’Ukraine, elle pourrait être disposée à accepter le TurkStream car elle n’en a pas d’autre options réalistes à sa disposition. L’allié de la Bulgarie, les USA, est toutefois clairement opposé à cette idée, dans la mesure où elle envisage de vendre du gaz naturel liquéfié plus coûteux au continent.
On peut donc dire qu’une lutte d’influence se déroule actuellement en Bulgarie. L’UE pourrait tirer parti de son poids économique et institutionnel dans le pays pour promouvoir l’extension du TurkStream vers «l’Europe continentale» depuis la Turquie, tandis que les États-Unis pourraient s’appuyer sur leur influence militaire par le biais de l’OTAN et des autorités nationales placées sous sa domination pour tenter d’empêcher que cela ne se produise. Au milieu de tout cela, il y a évidemment des décideurs bulgares qui, malgré leurs fautes politiques et leur loyauté envers l’un ou l’autre de leurs mécènes, tiennent toujours à leurs intérêts nationaux et comprennent à quel point il est important pour leur pays que cette initiative russe aboutisse. Des progrès ont déjà été accomplis dans cette direction. Reste à savoir qui sera le vainqueur dans cette lutte pour l’influence, mais la Bulgarie vient de devenir un important champ de bataille de la nouvelle guerre froide.
Le présent texte est la transcription partielle du programme Context Countdown de Sputnik News, émis vendredi 8 mars 2019:
Traduit du site Oriental Review par mes soins. Merci de me citer en cas de réutilisation.
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